25 janvier 2007

Blanc bleuté plus qu'orangé

Le député apparenté UDF Christian Blanc a annoncé hier qu'il soutient Nicolas Sarkozy pour la présidentielle. Pas vraiment une surprise. Au cours de ma construction de l'arbre phylogénétique des députés, j'avais été étonné de le voir apparaître carrément à l'intérieur du groupe UMP. Puis, au fur et à mesure que j'intégrais des votes plus anciens, il migrait vers la frontière entre l'UDF et l'UMP, où il avait finalement abouti dans le bilan des 43 derniers scrutins publics. J'ai donc refait proprement l'arbre obtenu par la proximité de vote aux 15 derniers scrutins publics (avec de nouveau l'UMP en bleu, l'UDF en orange, le PS en rose, l'extrême gauche en rouge, et les apparentés en couleurs plus pâles), la feuille correspondant à Christian Blanc a été entourée en gris, et la scission de Nicolas Dupont-Aignan apparaît tout aussi prévisible :

14 janvier 2007

Chiffres douteux

On a assisté à deux batailles de chiffres dans la presse cette semaine : à propos de délinquance et du taux d'élucidation d'une part, du nombre de français gagnant plus de 4000 euros par mois d'autre part. Dans les deux cas, la plupart des médias se sont contentés de transmettre des informations brutes sans aucune vérification des chiffres fournis. Il est vrai que dans les deux cas, les chiffres cités ne semblaient pas tout à fait absurdes, et donc pas nécessairement suspects.

J'avais en revanche remarqué au mois de décembre pendant le Zapping de Canal Plus une série de statistiques complètement incohérentes qui n'avait visiblement choqué personne à Euronews :
"Selon les recherches d'Amnesty International, une femme meurt toutes les heures entre les mains d'un parent, d'un compagnon, ou d'un ancien compagnon. En Grande-Bretagne, les services d'urgence reçoivent eux un appel toutes les minutes concernant un incident violent dans la famille. Enfin, en France, de récents chiffres du gouvernement ont révélé qu'une femme meurt toutes les quatre heures sous les coups de son partenaire." (extrait audio, émission en vidéo, Europeans, le 14 décembre 2006 sur Euronews)

D'après cet extrait, la France contribuerait donc pour au moins un quart des violences contre les femmes dans le monde ! Ce n'est évidemment pas le cas, et une recherche Google permet de déterminer les vraies infos et l'origine des erreurs. En ce qui concerne la première phrase, un rapport d'Amnesty International mentionne ces statistiques pour la Russie seulement : le chiffre mondial est donc encore pire ! En France en revanche, les seuls chiffres que j'ai trouvés sont les suivants :
- une femme meurt tous les deux jours des suites de violences conjugales, d'après des chiffres d'octobre 2006, alors qu'en 2004 on parlait d'une femme tous les quatre jours.
- une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, chiffre annoncé le 22 novembre 2006.
On est en tout cas bien loin d'une toutes les quatre heures (ce qui évidemment ne change rien à la gravité du problème). Et comme dirait un journaliste : "Euronews n'a pas souhaité commenter ces constatations" (traduction : je n'ai pas reçu de réponse au mail de demande de précisions sur ces chiffres envoyé à l'aide de leur interface de contact qui semblait légèrement buggée.)

De telles erreurs (j'avais déjà évoqué certaines approximations inquiétantes faites par la presse) mettent en cause la crédibilité des médias d'informations qui les véhiculent. Dans ce cas, pourquoi leur faire plus confiance qu'à notre blogueur préféré, qui, lui, a peut-être retenu de ses cours de physique qu'on vérifie toujours qu'un résultat numérique est plausible, et que l'unité est correcte.

Peut-être Gilles de Robien devrait-il inclure ces détails dans les programmes de mathématiques dès les petites classes, avec éventuellement aussi quelques rudiments de logique, afin d'éviter que nos jeunes élèves fassent des erreurs aussi grossières que leurs aînés journalistes, ou que ces chers américains qui confondent cents et dollars.

EDIT : tiens, une autre erreur d'unité à propos des violences faites aux femmes : "Une femme sur trois meurt sous les coups de son conjoint".

10 janvier 2007

Comment translater les titres de films (1)

La traduction des titres de films est un exercice périlleux, pas toujours réussi à en croire les commentaires sur internet. Le magazine Première révèle en tout cas les coupables du choix du titre des films : les distributeurs. Ce sont donc eux qui ont inventé le concept ultime : la traduction de l'anglais vers l'anglais ! Avant d'atteindre ces sommets de ridicule, regardons quelques autres cas particuliers d'adaptations de titres de films sortis en France en 2006.

La version "censure" consiste à décider que le public français ne mérite pas de connaître la totalité du titre américain, alors on l'abrège ! C'est le traitement qui a été réservé à Basic instinct 2 (Basic Instinct 2 : Risk Addiction), Slevin (Lucky Number Slevin), Block Party (Dave Chappelle's Block Party), Love Song (A love song for Bobby Long).

Au contraire, la version "note du traducteur" garde le titre original mais ajoute quelques mots pour le rendre plus compréhensible, comme dans les cas suivants : Alex Rider : Stormbreaker (Stormbreaker), Inside man - l'homme de l'intérieur (Inside Man), Le Secret de Brokeback Mountain (Brokeback Mountain), Jarhead - la fin de l'innocence (Jarhead). Je dois tout de même avouer que c'est parfois judicieux, comme la substitution de Truman Capote à Capote.

On arrive maintenant aux deux formes que je préfère. La première, c'est la version "sans the". Ces décisions sont certainements prises par des distributeurs traumatisés par la prononciation du "th" dans les cours d'anglais de leur enfance, alors ils se vengent sur Da Vinci code (The Da Vinci Code), Last kiss (The Last Kiss), Fast & Furious : Tokyo Drift (The Fast and the Furious: Tokyo Drift), Fog (The Fog), et bientôt History Boys (The History Boys).

La seconde, la plus belle, la traduction "fashion", d'un anglais que les français comprennent pas, vers un anglais que les français comprennent ! C'est sûr que l'espace de Shop girl (Shopgirl) était vraiment nécessaire pour saisir le message profond du film. De même tout s'élaircit quand on lit Lucky girl (Just My Luck), Sexy dance (Step Up), Big Mamma 2 (Big Momma's House 2), Basket academy (Rebound), Girls in America (On the outs), Baby Boy Frankie (The Blast of Silence), Dance with me (Take the Lead), The Last Show (A Prairie Home Companion), Coast Guards (The Guardian) et bientôt Bad Times (Harsh Times). Une seule exception me paraît justifiable : Sexy movie, dans la lignée des Scary Movies, qui sonne bien mieux que le Date Movie original. Mais dans ce cas, pourquoi est-ce qu'il n'avait pas été utilisé dans la version originale ? Comme le suggérait un internaute dans une page du forum Allociné citée ci-dessus, cela peut venir de l'existence préalable d'un film ayant déjà ce titre. Cherchons sur Google si "Sexy Movie" correspond à un autre film ? Damn, les résultats sont parasités par les pages françaises sur le film, et je ne vois pas de bouton "chercher uniquement dans les pages anglophones". Mais on peut simuler ce bouton, il suffit d'interdire la présence de mots français fréquents n'existant pas en anglais, par exemple "est" et "une", et on obtient notre résultat !

A quand remonte cette pratique de traduire de l'anglais vers l'anglais, qui me semble assez récente ? Je me souviens de Phone game (Phone Booth) en 2003, mais avant ça, je ne vois pas.


La suite (3 ans plus tard) ici !

4 janvier 2007

Arbre phylogénétique des députés

Bonne année 2007 ! 2007, qui sera l'année des élections présidentielles, même le Nébuloscope est au courant. Mais c'est aussi l'année des élections législatives, et donc l'occasion de revenir un peu sur les députés et leurs votes à l'Assemblée Nationale.

Je l'avais promis en juin, le voilà enfin après plusieurs jours d'efforts pour colorier ses feuilles : l'arbre phylogénétique des députés qui rapproche ceux qui votent de façon similaire.


Construit à partir des votes des députés qui se sont exprimés aux 43 derniers scrutins publics, soit depuis octobre 2004, l'arbre offre une jolie synthèse de ces votes.

On remarque tout d'abord que cet arbre a une forme assez linéaire, séparant parfaitement les groupes socialistes (en rose) et UMP (en bleu), avec l'UDF (en orange) qui s'égrène entre les deux. On peut aussi noter la présence de gros noeuds regroupant des députés qui votent de manière identique (vous trouverez la légende de ces noeuds ici). Sur plus de 500 députés, on n'obtient finalement que 69 feuilles dans l'arbre : assez déprimant, cette logique de vote très partisane, non ? Heureusement certains députés réputés pour ne pas suivre les mouvements généraux du parti apportent un peu de fantaisie en créant de nouvelles branches, comme Dupont-Aignan et Boutin à l'UMP. Les députés "apparentés" à certains partis se retrouvent aussi intégrés à la bonne place. Et les députés non inscrits (et donc sans couleur spécifique dans l'arbre) n'auraient pas trop de mal à trouver chez qui adhérer, à part peut-être Philippe Edmond-Mariette et Alfred Marie-Jeanne qui ont visiblement trouvé la position d'équilibre gauche-droite.

L'arbre a été construit à partir de SplitsTree et d'un programme maison pour le pré et post-traitement, comme détaillé (avec les données sources si vous voulez vous amuser) ici. L'idée de construire des arbres phylogénétiques d'hommes politiques n'est pas nouvelle, vous pourrez en trouver ici et . Et pour les phylogénies construites à partir de distances de vote, j'ai vu ça pour la première fois par David Bryant avec les votes de pays à l'ONU.