Correction de contenu en ligne et archivage
Hier au bureau, circulait la thèse de Bill Cunningham, chercheur canadien en théorie des graphes. Un pavé de pages tapées à la machine en 1973, du temps où le logiciel référence pour écrire proprement articles et thèses, TeX, n'existait pas (la première version date de 1977), et où il fallait encore remercier son épouse pour avoir écrit à la main les lettres cursives inexistantes sur la machine à écrire... Maintenant qu'existent de formidables moyens techniques pour non seulement corriger facilement un document numérique, mais en plus le faire modifier par plusieurs personnes situées à divers endroits de la Terre, il est difficile d'imaginer comment le système était gérable à l'époque.
Enfin même si les moyens techniques facilitant le travail de correction existent, tous ne le mettent pas en place. De ce point de vue le journal Le Monde fait un travail impressionnant sur son édition en ligne. Il est très facile de les contacter par une adresse mail destinée au courrier des lecteurs. Ils sont alors très réactifs pour corriger l'édition en ligne de l'article. Et pas seulement pour l'orthographe !
J'ai remarqué hier une correction du titre d'un article qui faisait apparaître une ambiguïté, classique, entre points et pourcents. Titre original (capturé par le flux RSS de Presse 2007 présent sur ma page d'accueil Google personnalisée) : "Il y a 8% de voix de gauche dans les intentions de vote de François Bayrou". Titre modifié : "Près de la moitié des électeurs de François Bayrou sont issus de la gauche". On remarque comme sur tous les articles la présence de la date de publication, mais aussi de dernière modification, et on peut ainsi constater la réactivité des correcteurs.
Quel dommage toutefois que toute cette réactivité soit finalement annulée dans les archives d'articles ! En effet, l'archivage a lieu dès la première publication sur le site et les modifications ultérieures ne sont pas prises en compte. C'est malheureux, mais c'est souvent le cas : on impose une date limite à partir de laquelle toute modification est impossible. En ce qui concerne les articles scientifiques, on peut toujours publier après coup un erratum concernant une éventuelle erreur de raisonnement, mais rien n'est prévu pour corriger ces ennuyeuses coquilles, erreurs de variables, ou d'indices, qui échappent lors des relectures successives, mais qui sont si gênantes pour le lecteur qui s'intéresse à une preuve en détails. Même chose sur le site de l'Assemblée Nationale, dont j'avais contacté les webmasters lors de ma construction de l'arbre des députés. Les analyses des scrutins publics présentes sur le site web sont l'exacte copie de ce qui est publié au journal officiel, ce qui explique que les noms des députés (ou les prénoms : Luc-Marie Chatel est devenu Luc Chatel entre le 20 mars et le 17 mai 2006) ne soient pas mis à jour. Finalement, c'est peut-être là un avantage important du blog sur les autres moyens d'information : il est toujours possible, et facile, d'y modifier un article pour le corriger, le mettre à jour, ou simplement ajouter un pointeur vers un article ultérieur sur le même sujet.
Et puisque j'ai évoqué le journal Le Monde, un joli exemple de propos tronqués à propos de l'intervention de Ségolène Royal sur France Inter lundi matin :
"J'observe que nulle part les élus de l'UDF ne viennent en appui des politiques de gauche lorsqu'elles sont conduites dans l'intérêt général" ; ils "votent toujours avec la droite et font des campagnes de droite", a-t-elle affirmé. La fin de la phrase semblait en effet complètement fausse dans le cas des députés UDF. Et en effet, après vérification sur le site de France Inter, la phrase commence par : "Je suis présidente d'une région, vous le savez. Il y a beaucoup de chefs de l'exécutif que ce soit dans les départements, les communes, et les régions, et j'observe que nulle part...".
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